L'école Mushin-Ryu (Goshin-Jutsu Karate-Do) procède de l'expérience intégrative de styles fondamentaux, dits classiques, de Karaté-Do (Shindo Jinen-Ryu, Shotokan, Shito-Ryu et Goju-Ryu) ainsi que des apports complémentaires du Ju-Jutsu, selon une approche traditionnelle.
Mu : expression de la vacuité, de la tranquillité ; état mental de quiétude, relâché ; proche de la notion de "non-pensée" (ce qui ne signifie pas le vide psychique).
Shin : se rapporte à "l'esprit", au mental, aussi à la subjectivité dans sa relation à la réalité (conscient/inconscient).
MUSHIN-RYU : école (ryu) promouvant un travail sur la posture du calme psychique/mental.
C'est l'une des voies de l'apaisement du MOI et de la réalisation de SOI par la pratique martiale (BUDO). En ce sens l'école Mushin-Ryu s'inscrit dans une voie (la voie/le chemin : "Do") alliant l'Extrême-Orient (Japon) aux influences culturelles et philosophiques de l'Occident.
Le développement de cette école "moderne" est issu d'un processus de recherche, à la fois technique et pratique, mais aussi anthropologique et philosophique car participant d'une orientation pédagogique et d'une approche intégrative favorisant le développement personnel du pratiquant, davantage que les seules répercussions - non négligeables certes - physiologiques (aspect sportif).
Le Mushin-Ryu s'inspire d'une philosophie humaniste qui cherche tout autant le développement culturel, intellectuel, psychique ("shin" signifie "esprit") que social de l'individu. La notion de Budo (voie d'accomplissement de soi par le travail martial) prend de fait un sens puissant ; la seule pratique physique améliore le corps, le "mental" aussi (selon que l'on recherche la compétition ou un mieux-être personnel) certes, mais la pratique sans réflexivité ne peut en aucun cas aider à améliorer la personnalité (pour ce qui porte sur les aspects profonds, inconscients).
Inscrit dans une démarche de reconnaissance internationale (par son affiliation au Japon et la reconnaissance qui lui est attribuée) le Mushin-Ryu Goshin-Jutsu Karate-Do a intégré et validé un capital technique riche, dense, varié et (pour ce qui concerne certains Katas) de haut niveau symbolique.
Puisant dans les références des styles Naha-Te et Shuri-Te principalement - tout comme en le Tomari-Te - le Mushin-Ryu Karate-Do possède son propre référentiel de Katas. Ceux-ci, au nombre de 40 (hors les Katas dits "additionnels"), jalonnent la progression du pratiquant au fur et à mesure que s'améliorent : compétence technique, connaissance du fond (capitaux historique et symbolique), capacité de transmettre (pédagogie) et aptitude à "lire" au-delà du signe externe, au-delà du geste.
Ainsi, si les 5 Katas Heian sont dits "de base", pour connaitre le niveau de connaissance profond qu'en possède le pratiquant il convient non pas de lui en demander l'exécution technique mais qu'il en fasse une démonstration pédagogique. Si connaitre un nombre important de Katas reste intéressant, car favorisant un capital technique riche et varié, la connaissance profonde du Kata n'a pas à porter sur la quantité mais sur la qualité. Ainsi, approfondir une demi-douzaine de Katas suffit largement pour un expert, tel que d'autres disciplines l'enseignent aussi. A chacun d'explorer, découvrir, approfondir, décortiquer le Kata favori du moment, pour plus tard le re-découvrir autrement.
Heian Shodan
Heian Nidan
Heian Sandan
Heian Yondan
Heian Godan
Tekki Shodan
Tekki Nidan
Tekki Sandan
Bassaï-Daï
Bassaï-Sho
Chinte
Kanku-Daï
Kanku-Sho
Enpi
Ten-no-Kata
Kihon Kata Uke-Waza
Kihon Kata Tsuki-Waza
Kihon Kata Keri-Waza
Taï Sabaki no Kata (Sho, Ni et San-Dan)
Gangaku
Gangaku-Sho (Tomari-no-Chinto)
Gojushiho-Sho
Gojushiho-Daï
Hangetsu
Jion
Jiin
Jitte
Meikyo
Nijushiho
Rohaï
Saifa
Sanchin
Seienchin
Seipaï
Seiryu
Sochin
Unsu
Wankan
Le Kata, art de la transmission de l'art par la répétition du geste codifié.
Au-delà de la chorégraphie martiale, ce que le pratiquant y découvre c'est l'aptitude à lire, décoder, interpréter ce que contient la forme gestuelle.
Photos de Tsutomu Oshima ; seconde édition de l'ouvrage Karate-Do Kyohan de Gichin Funakoshi
Le Mushin-Ryu implique l'étude de l'Aïki-Goshin-Ju-Jutsu (ensemble de techniques martiales de défense) :
Si "Mu" se réfère à une sorte de vacuité ce n'est pas dire qu'il s'agit d'un "vide psychique". La recherche du calme dans/de l'esprit (souvent appelé "le mental") passe par différentes voies, allant du développement personnel jusqu'à la psychanalyse individuelle.
Aucun Budoka, travaillant l'art martial selon une référence anthropologique dans sa pratique, ne peut se dispenser - pour aller en progression interne - d'un travail de dégrossissage de la pierre, travail sur soi qui peut prendre des chemins différents et dont l'objectif est d'atteindre à une forme de sérénité qui puisse être partagée.
On ne citera pas ici, dans le détail, les nombreuses approches et techniques d'apaisement psychique (méditation, travail sur soi, hypnose éricksonnienne, psychanalyse...) qui existent. Le cheminant - sur la voie qu'il s'est choisie -, s'il est sincère, ira explorer les méthodes qu'il croisera, en sachant toutefois avoir la prudence et la sagesse de laisser de côté toutes déviances à type sectaire ou manipulatrice.
La progression en Mushi-Ryu, évaluée selon les "Kyu" (avant la ceinture noire) puis les "Dan" (les grades de la ceinture noire), n'est pas comparable à celle développée par les fédérations sportives.
Procédant d'une précaution respectueuse de l'intégrité de la personne (physique, mentale, sociale) chaque évaluation de grade, à partir des "Dan", porte sur les trois éléments : Shin-Gi-Taï.
Shin : pour ce qui est relatif aux qualités "mentales" du pratiquant, son attitude sociale, sa morale.
Gi : pour ce qui se réfère au travail technique, de la découverte à l'approfondissement, jusqu'à la "maitrise".
Taï : pour ce qui concerne le corps, le geste à partir du travail physique, sans pour autant mettre en risque sa santé.
Il n'est ainsi pas demandé/attendu de compiler de manière mécanique un listing de Kata et de techniques mais aussi - et surtout - d'être apte à en développer le sens profond (le sens caché) et à transmettre l'art dans son ensemble, faisant de celui qui suit (l'élève) un maillon nouveau d'une chaine humaine recherchant à perfectionner le caractère.
Ainsi, le travail du Kata nécessite t-il en Mushin-Ryu d'un travail de fond, intellectuel et technique sur l'approche symbolique du geste. Développer le bunkaï (décortiquer, interpréter, comprendre et appliquer) en Mushin-Ryu c'est faire à partir de soi l'expérience de l'interprétation et non pas (seulement) répéter les propositions officielles (souvent proposées comme uniques) de compréhension et application. Le Kata est une forme vivante qui a sa propre logique d'évolution ; le répéter de manière figée conduit à la sclérose intellectuelle du pratiquant, ceci engendrant de fait une (auto)limitation de la progression profonde (étape "Li").
Toute évaluation de niveau (à partir de la ceinture noire) porte sur une connaissance globale de l'art martial : technique certes mais aussi historique et philosophique. Si les 1er et 2ème Dan sont très "techniques", à partir du 3ème Dan le candidat doit avoir intégré les bases globales (techniques, historiques, sociologiques et philosophiques). Les 4ème et 5ème Dan restent des grades d'évaluation de l'habileté technique, développant les stratégies multiples du combat, à la fois en relation d'adversité avec un ou plusieurs opposant, mais aussi vis à vis de soi-même dans une progression interne visant à l'amélioration de la personnalité.
Le 6ème Dan en Mushin-Ryu n'est accessible qu'au pratiquant ayant travaillé sur lui-même, au-delà de la pratique martiale, dans un engagement éducatif/pédagogique (transmission aux autres), social, culturel et philosophique. Les grades suivants, 7ème et 8ème Dan, s'adressent à des pédagogues de haut-niveau ayant acquis - par voie institutionnelle ou personnelle - un niveau équivalent au grade de Mastaire universitaire (M2 R), voire du titre de Dr en Sciences (ou Ph. D. selon la classification internationale). La référence au travail sur soi, en profondeur, impliquant la connaissance de l'Inconscient (réf. psychanalytique) implique que le candidat à un titre de très haut-niveau dans l'école ait effectué un travail de fond personnel - sur plusieurs années - et dont il peut témoigner selon les règles admises.